Une petite bouille brune débarqua un doux jour de janvier dans un hôpital de St Tropez. Des pleures par ci par là, des cris … Enfin les joies d’un accouchement sûrement. Cette petite bouille gueularde, c’est moi. Mes parents ont décidé de m’appeler … Julie Léa Lenard. Enfin Lenard c’est le nom de famille de mon papa et donc de maman, quelle logique quand même. Mon papa est un homme qui se dit riche, un vantard, monsieur travaille dans une banque alors je vous laisse réfléchir à l’image qu’il donne. Ma mère vit à ses crochets bien qu’elle cherche des petits travaux pour arrondir les fins de mois de la famille. J’ai un frère aussi, apparemment c’est la première personne que j’ai regardé après mon premier dodo. Bon alors je vais passer quelques petits passages de ma vie. J’ai réussi à faire mes premiers pas à l’âge d’un an et demi, après on va dire que je gambadais de partout, une vrai fusée. Je pense que je devais en faire voir de toutes les couleurs à mes parents. Mais ils avaient le sourire, c’est le principal non ? Mon premier mot fut Jérémy, le prénom de mon frère. Je sais plus l’âge que j’avais, deux ans peut-être. Je pense que c’est grâce à ça que je suis plus proche de mon frère que de tout le monde. Les premiers Noël en famille, les gens qui défilaient devant moi sans savoir qui ils étaient, les photos me mettant en œuvre dans tous mes états, ce qui me fout un peu la honte quand j’y repense… Des souvenirs de mes premières années.
Trois ans, l’âge où je suis rentrée à la maternelle. Dans une petite école proche de chez moi où je passais le plus clair de mon temps bien sûr. Ce fut les premières rencontres, les premières bêtises, enfin farces, entre petits bébés tous aussi insouciants les uns que les autres. A la belle enfance. L’entrée au CP arriva à toute vitesse tout de même. Ma première rentrée avec un cartable sur le dos, une blouse à carreaux blanches et bleus, les larmes aux yeux de mes parents. Mais surtout des miens. Je rentrais dans la cours des grands me disait ma maman. C’était vrai, mais vraiment effrayant. D’ailleurs je me souviens même avoir pleuré dans les jupes de ma mère dès le premier jour en criant que je ne voulais plus y aller. Mais au final toutes mes années de primaires se passèrent bien. J’étais une élève sérieuse qui aimait bavarder selon mes professeurs.


Les années collèges furent aussi bien, je rencontrai alors ma meilleure amie, elle avait redoublé donc elle était plus âgée d’un an que moi. Mais ce n’était pas très grave. Elle s’appelait Laurie. C’était ma moitié comme on disait si bien. En France je fis donc ma sixième, ma cinquième et ma quatrième. Toujours accompagnée par Laurie et tout une bande d’amis avec qui les samedis après- midi on allait à la plage ou bien en ville manger une glace et s’asseoir sur un banc. Que des souvenirs gravés dans ma tête et immortalisés par des clichés tous aussi loufoques les uns que les autres.
C’est donc à treize ans, pour ma dernière année au collège, que mon père appris qu’il était muté. Je ne savais même pas que en travaillant dans une banque il pouvait être envoyé en « mission » dans le monde entier. Mais en apprenant la destination le départ fut plus facile on va dire. J’étais dans ma période série américaine et tout le toutim et quand mon père annonça qu’il était envoyé à New York c’était un peu comme « réaliser mon american dream ». Les adieux furent difficiles, mais bon on avait toujours un moyen de garder contact comme les e-mails et puis les choses dans ce genre. Le pire fut de dire au revoir à mon frère car ayant vingt ans, celui-ci décida de rester vivre sa vie dans la petite ville du sud. Mais lui ce n’était pas un adieu … Heureusement. Nous partîmes alors à la fin de ma quatrième. Le voyage fut long moi qui suis impatiente comme pas possible. Mais arrivée à destination, je ne pouvais que hurler de joie. Notre petit logis était dans Brooklyn. Un petit appartement tout mignon. Les années passèrent, je devins bilingue évidemment. Je rencontrais du monde, je sortais. L’anniversaire de mes seize ans se fêta dignement quand dans les films. Une grosse fête organisée par des amis rencontrés dès mon arrivée. Puis arriva mes dix-huit ans où je pris le choix de devenir libre. Libre comme l’air dans un petit appartement payé par mes frais. Dans le Bronx. Bon ce n’était pas le même quartier que Brooklyn on ne va pas se mentir mais c’était très cliché … Et j’adore les clichés. Les années passèrent, l’université. Un grand amour, Andrew. Un basketteur de l’université où j’étais. Mais notre relation battait un peu de l’aile quand je commençais plus à sortir, à faire la fête à devenir une de ses filles ne passant plus trop aux études. Cinq ans et une collocation plus tard ce fut la rupture. Renfermée sur moi-même je me retrouvais seule errant dans Central Park. Jusqu’à ce que je retrouve un ami rencontré à l’université, Carter. Mais ma seconde rupture fut quand j’appris qu’il déménagea pour San Francisco. Ce fut la goutte qui fit déborder le vase. Seule comme jamais, et me rendant compte qu’il comptait pour moi, je décidai alors de partir à mon tour le retrouver. La nouvelle fut compréhensible pour mes parents. Je partis donc. Laissant tomber ma vie new yorkaise pour une ville inconnue. Mes études , c’était fini pour moi, je n’en pouvais plus d’être assis derrière un bureau. Certes j’aurais des complications pour trouver un emploi. Mais vendeuse ou serveuse ferait l’affaire.


San Francisco. Une ville superbe. Logeant dans un petit appartement à la recherche d’une ou d’un colocataire, je parcourais la ville de fond en comble. C’était magnifique, plus calme que New York et ça me correspondait. Après avoir enchainé les travaux dans des petits bars ou des petits bouis-bouis à touriste, je réussis mon entretien pour faire vendeuse chez Macy’s. Un grand magasin multimarque on va dire et dans tout genre. C’était parfait. Je pouvais parler français avec les touristes francophones bien sûr et j’apprenais sur le terrain, enfin en parallèle, une troisième langue, l’espagnol. C’était peut-être cela qui avait convaincu le directeur de m’embaucher … Enfin bref. Je viens à mes dépends, à mon rythme en toute liberté. Comme je l’ai toujours rêvé. Puis mon but en emménageant à San Francisco fut atteint, j’ai retrouvé mon vieil ami. Désormais je suis la plus heureuse dans ce pays DE MALADE.