« Mais oui, je t'oublie pas, ah non, tu défais pas ça ! » Je retirais le carton de sa mâchoire et luttais presque ce petit chiot qui poussait comme de la mauvaise herbe. « Allez, décroches... » Je regardais rapidement l'heure, nous avoisinions les dix neuf heures, j’espérais ne pas la déranger et puis les autres n'ayant pas répondu à l'appel, je n'avais pas trop le choix. Mon propriétaire m'avait simplement laissé le temps de récupérer un sac où j'avais fourré les affaires du chien et un autre dans lequel j'avais mis mes affaires ainsi qu'un carton d'objets qu'il avait entassé là dedans et qui devaient traîner. « Isobel ? » Demandais-je, on ne sait jamais. « Bonsoir, c'est Wesley. » Silence. « Le barman. » Précisais-je alors que le téléphone grésillait.

Je plongeais la main dans mon sac à main afin de dénicher mon téléphone portable qui s'était mit à retentir. Après quelques sonneries, je le saisissais et vérifiait l'écran. Le numéro ne m'était pas familier, mais je décrochais toutefois. Je ne filtre pas mes appels et à chaque fois qu'un numéro qui m'est inconnu ou même qu'un numéro privé essaie de me joindre, j'ai l'espoir stupide que ce soit Jaysen. Il faut certainement que j'arrête de me bercer de fausses illusions. A l'autre bout du fil, j'entendais une voix masculine que je reconnaissais déjà, pourtant, je ne connais Wesley que depuis peu - « Bonsoir Wesley. Inutile de préciser que tu es le barman, je sais qui tu es. » - Répondis-je ayant soudainement un sourire aux lèvres. J'ignore pourquoi son appel me faisait sourire ainsi - « Je n'étais pas certaine que tu m'appelles un jour. » - En effet, la dernière fois qu'on s'était vu il avait un peu trop bu et j'avais eu peur qu'il ne m'oublie. N'ayant pas son numéro, c'était à lui de me contacter vu que je lui avait donné le mien. J'arrivais devant la porte de chez moi, bloquant le portable entre mon oreille et mon épaule afin d'ouvrir la serrure

« Je n'étais pas certaine que tu m'appelles un jour. » J'arquais un sourcil mais, décidait de reporter cette discussion à plus tard, pressé par le regard interrogateur des passants qui me dévisageaient en se demandant si je faisais la manche ou non, assis sur le parvis de l'immeuble, entouré d'affaires. De deux sacs précisément et d'un carton plutôt lourd. « A vrai dire, j'ai un petit problème. » Dis-je, inutile de tourner autour du pot non plus, une facture téléphonique salée ne m'aiderait pas à récupérer mon appartement. « Bon voilà. J'aurais besoin d'un service. » Silence. « En fait, j'ai quelques affaires et Guismo avec moi... j'aurais besoin de me rendre dans le Central East. » Tant pis, je n'avais pas vraiment le choix. « Ça m'embête de te demander ça mais, j'ai pas le choix. » Oui, j'aurais pu prendre un taxi... c'est ce qu'elle pouvait se dire. Sauf que je ne comptais pas revenir disposer de mon logement ce soir, je nécessitais donc ma moto.

J'ai bien vite compris qu'il ne m’appelait pas parce qu'il en avait envie, mais parce qu'il avait besoin d'un petit service. J'étais un peu déçue, j'ignore pourquoi et à quoi je m'étais attendue - « Ah. » - Laissais-je échapper et le regrettant immédiatement. Il n'avait pas besoin de savoir que cela me décevait - « Pourquoi à moi en particulier ? » - C'est vrai, Wesley devait avoir des tas d'amis contrairement à moi. J'entrais chez moi et refermait la porte avant de déposer mes clefs et mon sac à main. Je repris mon portable dans la main, le collant toujours à mon oreille.

« Pourquoi toi en particulier... » Elle me posait une colle. « Je vais être franc, personne n'a répondu à l'appel. Enfin, deux personnes mais, aucune ne supporte Guismo d'une manière plutôt réciproque... » Le bruit des voitures qui passaient m'empêcha de dire d'avantage de paroles inutiles. « Si c'était pas important, je te l'aurais pas demandé. » Dis-je doucement.

Donc c'était moi par défaut, parce qu'il n'avait pas d'autre choix. Je retenais un soupire - « Et donc je te dois servir de transport. Mais tu peux pas prendre un taxi ? Tu as besoin que je vienne maintenant ? » - Je marquais un silence - « Tu es où ? »

« Je... heu... » Je me sentis bête, ridicule. De toute manière, elle ne me voulait plus alors... mais quand même. « Je suis désolé de te déranger, je comprendrais que tu ne veuilles pas. C'est pas grave. » De toute manière avec mes problèmes, essayer de séduire une fille qui n'est pas intéressée serait idiot et inutile, ne servira qu'à me faire perdre du temps. « Excuse moi. Je... oui j'avais pas pensé à un taxi c'est vrai. Merci beaucoup. » Dis-je en tenant mon chien en laisse alors qu'il courrait dans tous les sens pour s'éloigner et revenir en même temps.

J'eus l'impression de le sentir embêté de me demander cela. Remarque, il y'a de quoi. On ne se connaissait qu'à peine. Je lui avais laissé mon numéro la dernière fois et il ne m'avait pas appelé, sauf là pour me demander quelque chose. Après tout, peut-être que je l'avais "intimidé" où refroidi avec ma réaction l'autre soir. J'avais refusé de rester dormir chez lui, car je trouvais qu'il avait trop bu et je ne m'étais peut-être pas montrée aussi agréable qu'au début de la soirée - « Non, je vais t'aider. » - Lâchais-je, sans vraiment savoir pourquoi j'avais dit ça. Le pire, c'est que je tenais vraiment à ne pas le laisser dans le pétrin - « Je suis libre donc ce serait idiot de pas te rendre ce service. » - Silence - « Tu es chez toi ? »

« Heu oui, je suis devant l'immeuble. Merci... » Je raccrochais. « On dirait qu'on a trouvé quelqu'un qui est capable de te supporter. » Je lui caressais la tête, me levant pour me redresser, manquant de tomber sous le poids de mes deux gros sacs, le carton à mes pieds. Je détachais les chaînes de la moto et rassemblais le tout au même endroit. J'aurais voulu la voir dans d'autres circonstances.

« D'accord. Le temps de faire le chemin et je serais là. A tout de suite. » - Je raccrochais et éloignais le téléphone de mon oreille avant de récupérer mon sac et de le fourrer dedans. J'avais à peine eu le temps de m'asseoir que j'étais déjà repartie.

J'entendis la sonnerie de mon téléphone portable se mettre à retentir. J'avais laissé mon portable à l'autre bout de la pièce et dû accourir pour ne pas manquer l'appel. Je réveillais Décibel en sursaut au passage, le pauvre. J'observais l'écran, ce que je fais toujours quant j'ai un appel. Il y'a des fois des personnes à qui on n'a pas forcément envie de parler. Enfin bref, mon écran tactile m'annonçait Rachel, je décrochais alors - « Rachel, Bonjour. » - J'esquissais un sourire bien qu'elle ne puisse le voir.

Mon sourire s'élargissait en entendant la voix de Rachel. Nous nous sommes vues il y a pas longtemps, mais c'est toujours un plaisir de pouvoir se parler. Rachel est vraiment la personne dont je ne pourrais jamais me lasser - « Je vais bien et toi ? Je savais qu'elles étaient bonne... mais à ce point ? Je t'ai rendue accro à mes lasagnes. » - Je ris. Apparemment, Rachel avait deux nouvelles à m'annoncer - « Euh... disons la mauvaise en premier. »

« Tu es pas enceinte, tu es certaine ? Non parce que j'ai trouvé que... » - J'explosais de rire - « Je plaisante. » - Je l'écoutais me raconter la mauvaise nouvelle en premier. Elle avait rompu avec son petit copain, Hélios que je ne connaissais pas vraiment - « Oh non et moi qui arrêtait pas de parler de moi et de Wesley. Qu'est-ce qui s'est passé entre vous ? Enfin si tu veux en parler, tu veux peut-être pas avoir ce genre de conversation au téléphone. » - Je respecterais son choix - « Si tu préfères passer à la bonne nouvelle, d'accord. »

« Mais non, je plaisantais banane. Tu es très bien. » - Dis-je en souriant. Rachel n'avait pas à se sentir complexé de son poids ou même de sa silhouette. Je suis sûr que certaines filles tueraient pour lui ressembler - « D'accord. » - Répliquais-je, alors qu'elle me disait qu'elle m'expliquerait plus tard sa rupture avec Hélios. Elle passait immédiatement à la bonne nouvelle et je ne remettrais pas le sujet Hélios sur le tapis - « Une fête d'Halloween ? Tu me connais Rachel, tu sais que je déteste ce genre de fêtes, surtout si il y'a la moitié de San Francisco. J'avais plutôt prévu de rester à la maison avec Décibel et de regarder un bon vieux film d'horreur, puis de ne pas répondre aux gosses qui viendraient sonner à la porte. » - Je ris. Je ne suis vraiment pas le genre de femme à aller à une fête d'halloween. Dire que je le faisais chaque années étant petite. Je ne suis pas non plus du genre à ouvrir gentiment ma porte pour donner des friandises au gamins. Je ne suis pas radine, mais bon, je préfère être tranquille. J'aime pas qu'on vienne me déranger.

Je souris en entendant Rachel qui me suppliais presque de l'accompagné à cette fête. Je la connais bien, je sais qu'elle va essayer de me convaincre. Elle ne me forcera pas, mais elle tentera de trouver les arguments qui me feront changer d'avis - « C'est de la triche si tu me supplie et si tu joues sur les sentiments » - Rigolais-je - « Un concert ? Vraiment ? Tu dis ça pour m'amadouer ou c'est vrai ? » - Elle ajoutait des s'il te plait, comme une petite fille qui supplierais qu'on lui achète ce qu'elle veut - « On dirait une enfant capricieuse. » - Derechef, je ris. J'avais reçu une invitation à une fête Halloween par mail, mais je n'y avais pas fait particulièrement attention - « Bon, si mon oui te fait arrêter de pleurnicher, je veux bien, mais je te préviens, tu m'abandonnes pas à cette fête. Si je viens, c'est pour toi. »

« Vilaine, tu as essayer de me faire croire qu'il y aurait un concert. » - Dis-je plaisantant. C'est certain qu'une fille seule à une soirée, c'est triste. Cela ne m'a pas empêcher de me rendre à des concerts seule, mais comme je connais des gens dans le milieu de la musique, je croise toujours des têtes familières. Bref. La perspective de passer la soirée de Halloween chez moi avec Décibel ne me dérangeait pas. Je suis solitaire, c'est comme ça - « Non, tu sais bien que je me désisterais pas au dernier moment. Je pourrais pas te faire ça. » - Quand je dis que je viens, je viens et je ne laisse pas la personne en plan, surtout pas si cette personne c'est Rachel - « Des beaux garçons ? Ouais enfin je vais pas là-bas pour draguer. Si je dis oui, c'est bien parce que c'est toi hein. J'aurais certainement refusé si c'était quelqu'un d'autre. » - Elle me demandait en quoi j'allais me déguiser, bonne question ! - « Euhm... comme tu viens de m'inviter, j'avoue ne pas y avoir réfléchit encore. C'est vraiment nécessaire ? Tu vas mettre quoi toi ? »